Kea, Kythnos et Syros - Les Cyclades confidentielles

Ce matin, on prend en main la voiture de location. L’engin permet de gagner facilement tous les points d’une île plébiscitée par les Athéniens. Parce qu’elle ne demande qu’une heure de ferry et que, certains lieux réussissent cela, elle a su rester elle-même. Sans doute, ses qualités de simple élégance, sa nature intègre, le calme de ses deux mille (et quelques) habitants devant les mœurs urbaines qui la gagnent le temps du week-end ou de l’été, y sont-ils pour quelque chose. Vieille tradition hellène au demeurant que de convertir les voyageurs à un art de vivre rationnel, dont on découvre que, s’il implique la mesure, il n’est pas ennemi des plaisirs. Au contraire. Bref, Grèce forever et sensibilité contemporaine s’accordent ici d’étonnante façon. Les petits ânes, dont la patience est indispensable à l’ombre des vieux oliviers, vous le confirmeraient, s’ils pouvaient parler au lieu de braire.
En option - En bateau autour de Kea.

Au programme - Balade à vélo électrique autour de la baie d’Agios Nikolaos. Laquelle est l’une des plus régulières des Cyclades. Un havre de premier ordre. Le rendez-vous est à Mylopotamos (avec votre accompagnateur anglophone privé et votre eBike). Les premiers coups de pédale emportent vers Korissia. Ensuite, ce sera Vourkari, un port de poche pittoresque dont les plaisanciers font, l’été venu, un hot spot. On tourne continument autour de la baie. Passage à Kokka et poursuite jusqu’au phare historique de Kea. À cet endroit, le coucher de soleil s’affranchit des lieux communs pour donner une représentation chromatique de grand style. Au retour, dégustation des meilleurs produits de l’île. En cours de route, on a visité de petites églises, on a été ébloui par la mer, enivré par les parfums du maquis, séduit par la simplicité des choses.

Transfert au port. Traversée en ferry pour Kythnos. Prise en main de la voiture de location et installation pour trois nuits sur la côte ouest, juste au sud de la plage d’Episkopi. L’hôtel domine l’anse qu’encadrent de robustes collines mordorées. La lèvre de sable gris est engageante, mais que dire du bassin particulier qui prolonge la chambre. Ou de la piscine à débordement que, sous certains angles, seule une nuance de bleu distingue de la mer. Pour un peu, on serait tenté de se livrer entièrement au point de vue. Votre suite est moderne, élégante, pleine de naturel. On y dispose de tout ce qu’un voyageur peut souhaiter : un équipement impeccable et un esprit. Pas un folklore, mais la prise en compte de cet impalpable qui fait le cachet de distinction. Le restaurant de la maison réussit très bien et la cuisine grecque et celle d’ailleurs. Sans pose ni chichis, mais avec justesse.

Aujourd’hui, Kythnos, ce sont les Cyclades préservées. Non pas miraculeusement, mais par des abords peu profonds qui ont gardé longtemps les gros bateaux à distance. L’accès est désormais facilité, mais l’île reste en dehors des itinéraires accoutumés. Elle a quelque chose de brut et rugueux. C’est une terre généralement glabre et rousse, sur laquelle vigne, figuiers et amandiers sont discontinus. Pourtant, des terrasses, autour de Dryopida notamment, témoignent d’une agriculture jadis laborieuse et prospère : Kythnos a longtemps alimenté en orge de qualité les brasseries d’Athènes. Pendant l’Antiquité, on venait ici pour prier dans de nombreux sanctuaires. Ou pour s’adonner au thermalisme autour des sources chaudes de Loutra. Au mésolithique, on était déjà installé à Maroulas (seul site de cette très haute époque accessible dans les Cyclades). De nombreuses plages, dont la fameuse Kolona, et des villages authentiques font partie des bonnes raisons de séjourner ici.

Au programme - À pied sur les sentiers antiques. La randonnée commence sur le site archéologique de Vryokastro, au nord-ouest de Kythnos. Là, on peut admirer un aqueduc, une acropole, les temples d’Appolon, Aphrodite, Asclépios. Et voir au loin Kolona, qu’un cordon de sable coupe en deux. L’élégance faite plage ! Ensuite, à travers la campagne et ses fermes, les odeurs de thym et de sauge sclarée, on prend la direction du sable d’Apokrousi. Chemin faisant, on entend butiner les abeilles ; elles sont à l’ouvrage pour produire l’une des spécialités locales, le miel de garrigue. Les murets de pierre sèche, délimitant et protégeant les parcelles, sont eux aussi les vestiges du vieux labeur paysan. Parvenus à Apokrousi, la plus grande plage de l’île, on a bien gagné sa baignade. La randonnée s’effectue en compagnie d’un guide privé anglophone.

Transfert au terminal des ferries. Traversée pour Syros. Nouveau transfert, prise en main de la voiture de location et installation pour trois nuits sur le port d’Ermoupoli. L’hôtel est d’esprit moderne, léger. Le blanc s’est imposé naturellement, où un peu de bleu et de gris fait contrepoint. Votre chambre est toute simple et confortable : rien de trop, rien de pas assez. Le parquet upgrade toujours une pièce. C’est ainsi. Le petit déjeuner est servi sur place. Pour les autres repas, on trouve à quelques minutes tout ce qu’on peut souhaiter. Conditions urbaines caractéristiques de la capitale des Cyclades.

Prendre la tête vous met à part. Ainsi en est-il de Syros, que distingue son statut de chef-lieu administratif, son histoire commerciale et l’architecture néoclassique d’Ermoupoli. Ses jolies plages, ses villages pastel et son arrière-pays capiteux rappelant néanmoins que le substrat est bien cycladique. Primus inter pares, en somme, que ce territoire. On a ici des activités culturelles soutenues et d’un niveau qui étonnera. Un standing. Dont les monuments d’Ermoupoli rendent compte autant que les installations du port. Une ville en deux collines jumelles. Au nord se trouve celle d’Ano Syros. Un triangle médiéval régulier, dont on a commencé à rassembler les éléments au XIIIe siècle et dont le sommet est occupé par la cathédrale catholique Saint Georges. Le monastère des capucins datant lui du XVIIe. Au sud, c’est Vrontado, où est la ville moderne. Ano Syros est le poumon latin de Syros, Vrontado étant pour sa part orthodoxe et coiffé par l’église de la Résurrection du Sauveur.
En option - Ermoupoli en privé.